Extraits de « L’ANCIEN MANÈGE DE SAINT-LÉGER étude historique »
Office du patrimoine et des sites – Inventaire des monuments d’art et d’histoire. David Ripoll mars 2009.
Photo « Face côté de la nouvelle rue, F. Brolliet, mai 1828 »
Le manège de Saint-Léger : un siècle d’existence (1829-1929)
En 1828-29 le manège de Saint-Léger est édifié à l’initiative du gouvernement pour une trentaine de chevaux et 1500 quintaux de foin, 300 quintaux de paille et un emplacement pour les avoines. Il remplace un premier manège du XVIIème situé à la Corraterie.
C’est en 1826 que l’architecte genevois François Broillet élabore un premier projet pour le nouveau manège et en 1827, les premiers plans sont rendus publics et avec eux, le coût de la construction qui sera jugé trop élevé.
L’architecte Samuel Vaucher élabore une nouvelle version de construction qui reçoit finalement l’approbation du colonel Guillaume-Henri Dufour, ingénieur cantonal de l’époque et membre du Grand Conseil. Après des bisbilles internes, le Conseil d’Etat mandate finalement le bureau d’architecte Broillet pour édifier le bâtiment pour 150 000 florins. Les chevaux sont déplacés dans le nouveau manège en septembre 1829, après une durée de construction de seulement de 16 mois.
Le manège abrite une grande halle où les chevaux sont dressés.
En 1841, une fontaine est construite le long du Manège, côté rue Saint-Léger; elle est adossée à une courette grillée qui sert au toilettage des chevaux.
Propriété de la Ville de Genève jusqu’en 1859, le Manège passa dès cette date à celle de l’Etat et plus particulièrement du département militaire, qui y loge une garnison fédérale jusqu’en 1862. Dès 1892, une société d’équitation privée loue le manège.
Photo « Plan du 2ème étage, F. Brolliet, mai 1828 ».
Le 1er décembre 1929, le Journal de Genève publie un article qui annonce la fin du manège de Saint-Léger et retrace les grandes étapes de son histoire. « Bientôt les habitants de Chausse-Coq, du Bourg de Four dessous, de Saint-Léger, de ce carrefour où règne encore un calme relatif ne pourront plus assister à la toilette matinale des alezans et des gris-pommelés dans la courette grille que flanque une antique fontaine. Ils ne verront plus de gracieuses amazones, chaussées de bottes jaunes, franchir la haute porte cochère. Chassée par « le progrès », la « Société du manège de la ville » va émigrer à la campagne. Qu’adviendra-t-il de ce bâtiment vétuste, mais sans grande beauté ? Sera-t-il garage ? Cédera-t-il la place à des « maisons locatives » ? On l’ignore encore. Mais en tout état de cause sa longue histoire mérite d’être contée. (…). »
Le manège à l’ère de l’automobile (1930-2009)
Le manège une fois libéré de ses occupants, l’arène est louée à un garagiste, lequel installe une pompe à essence devant l’entrée rue Piachaud. L’Etat utilise en outre une partie des locaux du rez-de-chaussée, pour les besoins des Départements des travaux publics et Justice et police. Par ailleurs, en 1937, les autorités procèdent à l’aménagement d’un garage, destiné aux voitures de police103, dans l’ancienne écurie qui longe la rue Colladon. Celle-ci a dû être percée à ce moment-là pour que les voitures puissent y accéder104.
Photo du manège à l'ère automobile.
En 1949, l’architecte C. Grosgurin reçoit le mandat de moderniser le garage. Son projet n’est pas réalisé.
En 1950, un autre architecte, J. Camoletti propose des transformations radicales touchant l’intérieur et l’extérieur du bâtiment.
-Surélévation de l’aile Saint-Léger afin de construire une rampe d’accès pour les voitures aux 1er et 2ème étages. Cette transformation supprime l’apport latéral de lumière.
-Abolition du système intérieur à trois nefs.Transformation de l’hémicycle du bâtiment avec percement de 3 grandes baies semi-vitrées avec la création d’un espace extérieur ouvert et couvert sur deux niveaux.
-Suppression de l’entrée centrale au niveau de l’hémicycle.
Seconde moitié du 20ème siècle
En 1966, l’aile droite, avec entrée rue Colladon, est louée à un ébéniste. Elle sera par la suite intégrée au parking grâce au percement d’un passage intérieur.
En 1969, l’Etat de Genève reprend en charge la gestion du bâtiment. Le garage est alors transformé en un parking de 73 places, destinées principalement à des hauts fonctionnaires.
L’Etat de Genève s’engage, au milieu des années nonante, dans la construction d’un parking souterrain sous la place Saint-Antoine.
“L’AHCVV” fait recours contre ce projet, considérant que sans une politique globale de la circulation et du stationnement en Vieille-Ville, ce parking ne sera qu’« un aspirateur à voitures ». Il conditionne également le retrait de ce recours au déplacement des voitures du parking du Manège au parking de Saint-Antoine.
En 1996, l’AHCVV retire son recours devant les garanties données par l’Etat de Genève.
Dû en partie au changement du magistrat concerné (M. B. Ziegler est remplacé contre toute attente par M. Ramseyer), aucun des engagements donnés n’est tenu.
Manège seconde moitiée du 20ème siècle - Photo 1 & Photo 2.
Projets de réaffectation du Manège
Suite à l’affectation du Manège en parking à la fin des années soixante, de nombreux projets de réaffectation plus civiques sont proposés.
-En 1980, l’AHCVV organise un concours intitulé « pour une nouvelle affectation du Manège ».
-En 1987, un projet de transformer ce grand espace en un musée d’art moderne voit le jour.
-En 1990, un projet de diplôme d’architecture d’intérieur de l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués de Genève (Martine Pasche) prend pour thème la réaffectation du Manège. Ce projet s’intitule le « M.A.G.U.E 90 » (maison des associations genevoises et universitaires des étudiants) et propose la création d’une maison multifonctionnelle pour les étudiants.
-En 1992, l’AHCVV propose d’y créer un centre d’artisanat, qui permettrait à des artisans traditionnels (électriciens, plombiers, serruriers…) de rester dans le périmètre de la Vieille-Ville.
Photo 1 & Photo 2 - Sabine Planchot
Pétition demandant une réaffectation du Manège
La pétition pour une réaffectation de l’ancien Manège de la rue Piachaud (97 signatures) est déposée au Grand conseil (P295 RAM) et au Conseil municipal (P-18).
-La commission des pétitions du Grand conseil se réunit trois fois pour débattre de ce thème (6 mars 2000, 4 et 17 avril 2000).
-Le 8 mai 2000, M. L. Moutinot, Conseiller d’Etat président du Département de l’Aménagement de l’Environnement et du Logement (DAEL), précise lors de son audition que pour lui, si projet il y a, « il faut un projet qui touche le plus grand nombre ».
-En mai, le Grand conseil enregistre le dépôt de la pétition en lui attachant le commentaire suivant : « le changement d’affectation de l’ancien manège en un usage plus convivial est une bonne idée : avis est lancé aux personnes imaginatives et altruistes ».
-La commission des pétitions du Conseil municipal se réunit cinq fois pour traiter de ce sujet (les 27 mars, 8 mai 19 juin, 4 septembre et 9 octobre 2000).
-Le 9 octobre 2000, lors de son audition, M. C. Ferrazino, conseiller administratif chargé du département de l’aménagement, des constructions et de la voirie, s’interroge : la question, souligne-t-il, est de savoir « que faire d’autre de ce manège».
-En 2005, le conseil municipal classe cette pétition.